Addiction à l'alcool : définition, mécanismes

L'addiction à l'alcool se manifeste par une perte de contrôle face à la consommation, avec dépendance physique et psychologique. 

C’est une maladie chronique, caractérisée par une consommation compulsive.

Comprendre ses mécanismes et ses impacts est crucial pour atteindre un objectif d'abstinence ou de consommation contrôlée.

Le cercle vicieux de l’addiction à l’alcool, le 5 C :

- une envie irrepréssible de Consommer

- la Compulsion (le comportement)

- un usage Continu

- des Conséquences négatives sur soi et l’entourage qui ne stoppent par pour autant le comportement.

- une perte de Contrôle

Lorsque l’addiction s’installe, le désir disparaît au dépend du besoin. Une insensibilité aux conséquences négatives peut se mettre en place (minimisation des conséquences, difficulté à modifier la chaîne de comportements).

Cette hypo-sensibilité aux pertes va de pair avec l’hypersensibilité à la récompense.

Les processus neurobiologiques

Le systeme de récompense : 

Le cerveau possède un « système de récompense » qui nous pousse à refaire des choses agréables, comme manger, rire ou passer du temps avec des amis. Ce système utilise un messager chimique appelé dopamine, souvent associé au plaisir. Quand on boit de l’alcool, ce système est stimulé : le cerveau libère de la dopamine, ce qui donne une sensation de plaisir et de bien-être. Cela incite reproduire le comportement.

Avec le temps, en cas de consommation répétée, ce système se dérègle. Le cerveau s’habitue à l’alcool, et il devient plus difficile de ressentir du plaisir sans en consommer. En parallèle, d’autres émotions négatives (comme l’anxiété ou la tristesse) peuvent apparaître quand il n’y a plus d’alcool.

Ce dérèglement rend la personne dépendante : elle a besoin d’alcool non seulement pour se sentir bien, mais aussi pour éviter de se sentir mal. C’est ainsi que l’addiction s’installe.

Les GABA (de l'anglais gamma-aminobutyric acid), est le principal neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux 

 L’alcool renforce l’effet d’un messager chimique du cerveau appelé GABA, qui a pour rôle de calmer l’activité des neurones. En augmentant l’action du GABA, l’alcool ralentit le fonctionnement du cerveau. Cela peut provoquer une sensation de détente et donner l’impression d’être plus sociables et moins stressés.

 

Effets à long terme de la dépendance à l’alcool sur le cerveau

Quand une personne devient dépendante à l’alcool, son cerveau a plus de mal à activer les circuits du plaisir, ce qui peut entraîner un mal-être émotionnel. Enfin, l’alcool dérègle les mécanismes d’apprentissage.

Boire de grandes quantités d’alcool en peu de temps (ce qu’on appelle le binge drinking) peut endommager le cerveau et provoquer des troubles de la mémoire, de l’attention ou du raisonnement.

Attention au sevrage brutal ! Le cerveau peut ne pas supporter

Quand une personne dépendante à l’alcool arrête de boire d’un coup, le cerveau, qui s’était habitué à fonctionner avec,  réagit violemment.

Voici les principaux effets possibles :

  • Anxiété, irritabilité, troubles du sommeil : le cerveau est « survolté » sans l’effet calmant de l’alcool.

  • Tremblements, sueurs, palpitations : signes classiques de manque

  • Nausées, vomissements : réactions physiques au sevrage.

  • Hallucinations ou confusion mentale : dans les cas plus graves.

  • Crises d’épilepsie : cela peut survenir dans les 6 à 48 heures après l’arrêt.

  • Délirium tremens (dans les cas les plus sévères) : un état très dangereux avec confusion, forte agitation, fièvre, hallucinations, pouvant mettre la vie en danger sans prise en charge médicale.

C’est pourquoi l’arrêt de l’alcool chez une personne dépendante ne doit jamais se faire seul ou sans accompagnement médical. Un sevrage encadré permet de réduire les risques et d’adapter un traitement pour soulager les symptômes (parlez-en avec votre médecin généraliste qui pourra vous orienter vers un médecin addictologue).

TCC de la dépendance à l'alcool 

L’objectif d’une thérapie TCC (thérapie cognitive et comportementale) adaptée à l'addiction à l'alcool est d’aider les personnes qui ont arrêté de boire à rester sobres, tout en continuant à vivre normalement, sans fuir les situations qui pourraient les tenter. L’apprentissage de compétences pour gérer les envies plutôt que de les éviter complètement, limite les rechutes.

1- Anamnèse (parcours de vie) pour identifier les facteurs de vulnérabilité.

2- Typologie de l’usage (depuis quand, quantité, fréquence, circonstances, fonction de l’alcool, contrôle de l’arrêt, retentissements ...)

3- Entretien motivationnel au changement : repérage des avantages et inconvénients dans le fait d’être abstinent et dans le fait de continuer la consommation. Cet entretien permet de repérer les freins au changement durable et de les travailler en thérapie.

4- Définition de l’objectif de changement

5- Repérage des déclencheurs / situations à risque

6- Travail sur les pensées Anticipatoires Soulageantes et Permissives (modèle ASP de Aaron Beck)

Exemples :

- il faut que j’aille au supermarché avant qu’il ne ferme pour avoir de quoi boire demain matin

- je me sentirai mieux à cette soirée si je bois quelques verres (il me faut, j’ai besoin,...)

- je mérite de boire ce soir, j’ai eu une journée stressante

7- Apprentissage de la relaxation profonde, afin de permettre des expositions progressives aux stimuli qui déclenchent l'envie de boire.

6 repérages pour une exposition efficace :

- repérage des comportements précoces qui amènent à consommer,

- hiérarchisation des stimuli appétitifs

- identification des comportements alternatifs,

- focalisation sur les indices

  • extéroceptifs (odeur, vue, goût)

  • intéroceptifs (humeur / pensées)

  • temporels 

8- Prévention de la rechute (mise en place d’activités alternatives, affirmation de soi en tant qu’abstinent, suivi)

La prise en charge nécessite au départ des séances rapprochées qui pourront être espacées progressivement. Des exercices à la maison seront prescrits (journaling, relaxation, exposition en imagination aux situations à risque,....